(GSAB) Spéalp 2 (1978) pp 14-19
L'expédition d'été du GSAB dans les Totes Gebirge à permis l'exploration de ce nouveau gouffre de 565m de profondeur. Certes quelque peu éclipsé par ses deux voisins (Kelli et Empégadure) il n'en reste pas moins une très belle réalisation pour une jeune équipe, peu rodée à la première de grande envergure !
Pour la localisation et découverte on se reporters à SPÉALP GSAB-SSS no. 1
L'entrée, un interstrate dégagé en raison du courant d'air, donne accès à une série de puits courte et secs au debut, qui vont en s'agrandissant en profondeur et en diamètre et en s'humidifiant. La première exploration de 1976 avait reconnu le gouffre jusqu'a -200, à la base de P.40 (Trou Noir). les explos de cette année débutèrent par la descente d'un beau P.60 de forme constante et légèrement incliné. A le base de celui-ci on accède à la seule salle du gouffre: Salle Galactique où se séparent deux réseaux: l'actif et le fossile.
En aval de la salle, un ressaut mène à une petite salle entre les blocs, le Nid d'Amour... parce que "Love Nid" !! (qui osera dire qu'on a pas d'idée.) Entre les blocs s'ouvre un P.20 immédiatement suivit d'un P.25. En fait on arrive dans les flancs d'un immense puits remontant dont on descend les 25 derniers mètres pour prendre pied sur un fond plat de graviers. Au fond une cheminée oblique amène un filet d'eau.
Une fissure marque le départ du méandre Anti-Matière, où l'on rejoint directement le torrent soutterain. Celui-ci est d'un débit moyen de deux litres seconde mais peut rapidement passer de 10 à 15 litres en cas de crues. Le début du méandre est rectiligne et entrecoupé de 3 petits puits et 2 ressauts. Au sommet du premier s'effectue, par les plafonds, la jonction avec la réseau fossile. Rapidement le méandre se fait moins sympathique: haut et étroit, il est de plus tapissé de boue (l'anti-matière) ce qui rend le progression assez pénible. Trois puits P.5, P.14 et P.10 coupent la progression. Ce dernier, suivit d'un ressaut de 3m, donne accès à une portion de galerie encombrée par l'argile. Au bout de celle-ci le torrent se perd dans une fissure qui devient rapidement impénétrable. La galerie, elle, se prolonge par une branche fossile peu large. Après une cinquintaine de mètres, le courant d'air s'engage dans un orifice du sol, départ d'un grands puits de 70m en plusieurs paliers.
A la moitié on rejoint le torrent que l'on évite par un puits parallèle fossile. Immédiatement suit un autre puits de 55m totalement arrosé et caractérisé par sa section elliptique et sa pente régulière. Au fond l'eau s'engouffre dans une fissure d'environ trois mètres de long, suivie d'un étroit méandre que nous n'avons pas pu forcer.
En amont de la Salle Galactique, une lucarne à quelques mètres de hauteur, permet d'accéder à une galerie de belle dimensions (3x3 de moyenne). La Galerie des Petits Hommes Vertes. On bute sur un ressaut de 3m au bas duquel s'écoule un petit filet d'eau, qui emprunte un méandre creusé en dessous de la galerie fossile (voir plus loin). Après un rétrécissement et un ressaut, le galerie se termine sur un éboulis entre lequel il est encore possible de faire une dizaine de mètres.
En suivent le méandre sous le galerie on aboutit au Puits de la Gomete (découvert par les Gaumais) P.60 arrosé dans sa dernière partie par le pipi. A la base du puits d'amorce le méandre des Mutants. C'est le méandre pour masos par excellence: bas, étroit et accrochant... Il se termine par un série de ressauts et un P.30 jonctionnant avec le réseau actif.
Du point de vue géologique, le Gouffre Ovni est un exemple typique des phénomènes karstiques du massif et même de la plus grande partie du karst Autrichien. On n'a pas ici de zone de puits donnant sur un collecteur au niveau imperméable (type Pyrénéen) ni de gouffres étroits verticaux (type Vercors et Chartreuse). Les facteurs primordiaux de formation sont la fracturation orogénique intense doublée d'un climat très pluvieux et d'importantes chutes de neige depuis le début de l'ère.
Ces gouffres s'ouvrent donc généralement au profit d'une forme simple de discontinuité dans les calcaires (diaclase, stratification). Puis ils vont en s'élargissant de plus en plus pour rejoindre des phénomènes de grande envergure (faille, super-diaclase). Le collecteur, quand il existe, n'est généralement que très court et très près de la resurgence.
L'Orifice du gouffre est un interstrate dégagé sur deux mètres environ. C'est ensuite une série de puits, assez petits, formés dans une diaclase assez sinueuse s'élargissant suivant le stratification et le pendage très fort en cette zone. Aux environs de -200, on commence à sentir l'influence d'un autre facteur. Les puits deviennent de plus en plus grands et les parois de plus en plus nettes. La section devient caractéristique d'une faille orientée sommairement O-E (voir schéma no. 1)
Cette faille va déterminer la majeure partie de la formation du gouffre. En effet, la suite du réseau s'est creusée à différents niveaux de cette faille. (schéma no. 2)
Schéma 2: Plan de la faille
Suite à la partie large du méandre Anti-Matière, une zone très étroite marque la jonction avec une seconde faille orientée SO-NE qui à elle seule déterminera toute la suite de gouffre. On pourrait croire en voyant la topo, qu'il s'agit d'un méandre en diaclase vu sa sinuosité. En fait la partie rectiligne et large de cette faille est impracticable car elle surplombe continuellement un à-pic de 6m dont les lèvres sont déversées et boueuses. L'on est donc obligé d'emprunter le fond en surcreusement. Plus loin on suit une partie plus large, bien marquée par la faille, Elle est suivie par un décrochement où se perd le ruisseau. La galerie, elle, continue dans la même direction, toujours déterminée par la fissuration. La zone de puits qui fait suite se développe également dans la partie inférieure de la faille; bien qu'elle ait l'apparence d'une conduite forcée.
Comme on le remarque à l'observation de la topo, la Galerie Principale se prolonge et n'a pas été explorée. Il semble que l'on soit en présence d'un simple phénomène de régression et que logiquement on devrait trouver une autre série de puits fossiles permettant de rejoindre le niveau de base. (Schéma no. 3 et 4)
La puissance du Dachsteinkalk (calcaire jurassique granuleux) avoisine les 700 mètres à partir de l'entrée.
Schéma 5: Schéma du courant d'air aux principaux points de perception:
Comme nous l'avons déja dit, c'est un violent courant d'air qui etire notre attention sur l'Ovni. Ce courant d'air étant soufflant et la période étant chause (été), nous devrions logiquement nous trouver en présence d'une entrée intermédiaire. Vu la violence du courant d'air froid chassé, l'existence d'une entrée supérieure est quasi certaine. La prospection du mamelon dominant l'entrée n'a pas donné resultats. Il s'agit là d'un objectif à revoir car la végétation et les aspics ne nous ont pas permis d'operer un quadrillage efficace.
La jonction avec cet orofice supérieur devrait s'effectuer au niveau de la galerie des Petits Hommes Vertes; soit par la cheminée arrosée de la fin de la faille I, soit par les plafonds aux 2/3, là ou l'on perd le courant d'air. D'autre part, la présence au fond d'un courant d'air violent lui aussi, laissarait présumer d'une sortie inférieure, vraisemblablement d'une résurgence fossile. Cependant il ne s'agit là que de suppositions, les caprices d'un courant d'air sont trop délicats à traiter.
On voit par la brève analyse du gouffre que les chances de continuation ne sont pas minimes. Or cette cavité n'est pas extrèmement difficile d'accès, ni d'exploration. Des travaux pourraient y être repris très prochainement, mais il ne s'agit cependant que d'un objectif secondaire comparé aux possibilités Autrichiennes.
G.Feller. GSAB.